dimanche

L'énigme de la Roue de Fortune

Source de l'analyse : le tarot Nicolas Conver, dixième arcane majeur.

La roue de fortune est une image très répandue dans l'iconographie médiévale. L'esprit populaire l'associe aux vicissitudes de l'existence et du sort. D'une façon plus abstraite, nous dirons qu'elle représente le cycle astronomique apparent : ascension - équilibre - chute.
Cette trinité peut s'entendre à tous les niveaux de type évolutionniste ou cyclique :

printemps - été - automne
chaud - tiède - froid
naissance - maturité - vieillesse
thèse - antithèse - synthèse

Les exemples ne manquent pas, pour la simple raison qu'ils mettent en scène ce que tout un chacun appelle un peu superficiellement : la Vie.
La Vie, c'est la triple déesse des anciens Celtes, dont chacun des trois aspects représente une phase de la Lune. Son essence est éternelle et insondable, à l'image du serpent des alchimistes qui se mord la queue.
Tourner indéfiniment en repassant indéfiniment par les mêmes phases, tel est le message apparent de la roue de fortune, abondamment développé par tous les commentateurs du Tarot, message dont je me suis moi-même servi pour construire le cycle des huit lames saisonnières (voir plus loin).
Pourtant, si l'on est observateur et quelque peu pratique, il est facile de s'apercevoir que cette roue ne peut pas tourner. En effet, le montant gauche manque. Ce qui fait qu'immanquablement, non seulement la roue ne tournera pas, mais qu'en plus elle s'écroulera.
Si l'on ajoute à ce détail le fait que l'ensemble tout entier repose sur de l'eau, on est en droit de s'interroger sur le vrai mobile des imagiers.
Il y a évidemment un second message à discerner dans cette lame, de lecture moins facile que le sens apparent et qui porte essentiellement sur l'idée d'une chute.
Cette idée se confirme si l'on tient compte du fait que le montant de l'axe manque du côté où le personnage est en train de tomber. Autrement dit, allégoriquement, le personnage est censé tomber parce que l'axe de la roue fait défaut.
Voilà, selon nous, le véritable sens du dixième arcane majeur, celui que les imagiers voulaient précisemment nous faire découvrir : pour que la roue puisse tourner, pour que le système soit efficace, il faut stabiliser l'axe de la roue.
Entendons : il faut un centre.
C'est une simple question de mécanique : si nous recherchons la stabilité sur la périphérie du cercle, comme c'est le cas pour le petit démon du centre de l'image, la roue, comme privée de centre, s'effondrera, et le personnage tombera.
Si, inversement, la stabilité est obtenue par le centre, en consolidant l'axe manquant - ce qui revient à actionner la manivelle - alors la roue tournera et le personnage ne tombera plus.
Voilà comment les imagiers du Tarot, soi-disant naïfs, s'y sont pris pour nous expliquer que l'essentiel n'était pas à l'extérieur, mais à l'intérieur du Monde, c'est à dire en nous-même.

1 commentaire:

  1. Salut, je suis moi-même en train de réaliser un travail de la sorte concernant les mécaniques, les dynamiques cycliques du Tarot!
    Je vous invite à me consulter sur:
    http://lecycledelarouedefortune.blogspot.com/

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