vendredi

Le Bateleur, archétype du centre et du soi

L'arcane 1, premier de la série tarotique, occupe une position privilégiée dans l'ordre intérieur du Tarot (voir le deuxième message de ce blog). Il se situe après l'arcane 19, "le Soleil", au moment du solstice d'été, et inaugure la série des cinq arcanes de l'été.

HIVER : 0 5 8 13 16 21 (porte du printemps : 2 + 1 = 3). Raison 5 + 3.
PRINTEMPS : 3 6 11 14 19 (porte de l'été :1 + 9 = 1). Raison 3 + 5.
ETE : 1 4 9 12 17 20 (porte de l'automne : 2 + 0 = 2). Raison 3 + 5.
AUTOMNE : 2 7 10 15 18 (porte de l'hiver : 1 + 8 = 0). Raison 5 + 3.

Le dernier chiffre de chaque série (en gras) correspond au passage vers la saison suivante. En divisant ce chiffre par 9 et en prenant le reste, on obtient le premier chiffre de la série qui suit.

L'ordre intérieur du Tarot nous renseigne sur la signification d'une lame considérée dans un processus évolutif - autrement dit tout arcane est interprété comme expression du devenir de l'arcane précédent, ce qui est impossible en se basant sur l' ordre historique. Le pentagramme, une fois dévoilé, montre la totalité (symbolique) des phases que doit traverser un individu en quête de sa métamorphose, et chacune de ces phases est en corrélation avec une période de l'année astronomique.
Exemple en partant du "Bateleur", sujet de cet article.
On divise la saison 3 (été) en 6 périodes à partir du solstice d'été (arcane du Soleil) :

1 4 9 12 17 20 (porte).

Lecture interprétative : la réponse au Bateleur est l'Empereur, la réponse à l'Empereur est l'Ermite, la réponse à l'Ermite est le Pendu, la réponse au Pendu est l'Etoile, la réponse à l'Etoile est le Jugement.
On voit clairement que le Bateleur (c'est notre Fou ayant épousé son âme, l'Impératrice) est quelqu'un qui est destiné à être roi (l'Empereur), mais aussi à diminuer, s'intérioriser (l'Ermite) et finalement à se sacrifier (Pendu) en vue d'une régénération ultérieure devant s'accomplir sur un plan différent du plan terrestre (Etoile, Jugement).
Question : si le Pendu est le successeur de l'Ermite, pourquoi est-il représenté jeune plutôt que vieux ? - Réponse : le Pendu est le renversement de l'Ermite (n'oublions pas que cet ermite est une allusion à Hermès, le patron des alchimistes). Le mot renversement est ici à prendre dans le sens de ressourcement (retour à l'origine, à la Mère).

Il est évident que le Tarot ne montre pas plusieurs scènes et individus étrangers les uns aux autres, mais un seul individu parcourant les différents degrés d'un processus initiatique : le Fou. Ce processus, ou "art de Nature", Carl Gustav Jung l'appelle "individuation", vocable moderne pour traduire ce que les alchimistes nommaient "transmutation". Le but suprême du voyage intérieur (ou connaissance du soi) n'est pas de s'adapter à la vie mais de s'adapter à la mort (perte du moi superficiel) en misant sur l'existence d'une réalité invisible, un continuum inaccessible au sens commun dont l'expérience unique révèle notre identité profonde - c'est ce dernier point qui sépare nettement la quête alchimique (ou mystique) de la prise de conscience philosophique (laquelle peut tout à fait faire l'économie de "l'autre monde").
Proche de la Nature dont il est en quelque sorte une copie objectivée, le Tarot tranche en faveur d'une mort suivie d'une renaissance, non pas d'une mort sans avenir s'affichant comme triomphe du Néant sur l'Etre. A l'instar des contes et des mythes, la mort tarotique est passage dimensionnel, porte, pont, seuil, embarcadère.
Pour preuve : l'arcane 13 a pour réponse l'arcane 16 (la dissolution), qui a pour réponse l'arcane 21 (le Monde, la découverte de l'Ame). L'arcane 12 (le Pendu, la mort acceptée) a pour réponse l'arcane 17 (l'Etoile, la transmutation du corps).

Le Bateleur est le CENTRE du Tarot. Il est l'expression d'un moi pleinement conscient et parfaitement réalisé. Son rôle est d'attirer à lui, de capter l'attention, métaphore du centre du cercle par rapport à sa circonférence. Or, ce centre du cercle n'est autre que le sommet du triangle de l'Impératrice dont la fonction est l'union des opposés.
Par unité, il nous faut donc comprendre non pas UN sans DEUX, mais DEUX en UN.

lundi

Les dix lames astronomiques (suite)

L'Empereur (4)

L'Empereur fait suite à l'Amoureux et s'apparente au Pape.
Il est la part masculine de l'Amoureux (6) et de l'Ermite (9).

1) Astronomie : représente le Sud et Midi. Il correspond au solstice d'été, marqué par la double fête celtique et chrétienne de la Saint-Jean (24 juin). C'est le triomphe de l'Arbre. Dans le calendrier des arbres irlandais, cette période était consacrée à l'union du chêne et du houx, les arbres jumeaux de la puissance et du renoncement.

2) Astrologie : Mars.

3) Symbole : le carré, complémentaire du cercle.

4) Signification : le pouvoir (extérieur et intérieur). L'Empereur est l'Amoureux consacré roi par son union avec l'Impératrice.

5) Psychologie : stabilité - grandeur - maîtrise - efficacité - puissance - protection - domination matérielle et spirituelle.


L'Ermite (9)


L'Ermite fait suite à l'Empereur et s'apparente au Mat.
Troisième des quatre "marcheurs".

1) Astronomie : représente le Sud-Ouest et l'après-midi. Il correspond à l'ancienne fête celtique de Lugnasad, consacrée au dieu Lug, avatar de Mercure le Polyvalent (lequel n'a rien à voir avec le Mercure adolescent). C'est la fête royale par excellence. Les grands travaux des champs sont terminés, faisant place au temps des réjouissances (1er août).

2) Astrologie : le Soleil (Hélios).

3) Symbole : étoile à 6 branches (sceau de Salomon).

4) Signification : le triomphe de la Mère, l'aboutissement, le couronnement, la sagesse, l'œuvre.

5) Psychologie : accomplissement - prudence - retraite - patience - élaboration- secret.


La Papesse (2)

La Papesse fait suite à l'Ermite et s'apparente à l'Impératrice.
Elle est la part féminine de l'Ermite (9) et du Chariot (7).

1) Astronomie : représente l'Ouest et le soleil couchant. Elle correspond à l'équinoxe d'automne, marqué par la fête chrétienne de la Saint-Michel (29 septembre). La Papesse est en quelque sorte l'ouverture du temple de l'au-delà, puisque le Soleil, après avoir accompli son œuvre annuelle (ou journalière), redescend vers la Terre afin d'y préparer sa nouvelle existence.

2) Astrologie : la Terre.

3) Symbole : la ligne horizontale - contraire du point - laquelle unit, tout en les différenciant, le haut avec le bas.

4) Signification : La Mère Cosmique, la Vierge Mère, la Création. Résorption, transcendance, révélation.

5) Psychologie : douceur - protection - repos - intuition - dépouillement - amour.


Le Chariot (7)

Le Chariot fait suite à la Papesse et s'apparente à l'Amoureux.
Dernier des quatre "marcheurs".

1) Astronomie : représente le Nord-Ouest et le crépuscule. Il correspond à l'ancienne fête celtique de Samain, la plus importante, à la date du 1er novembre, devenue fête de la Toussaint.
Samain
est la fête de la communication des vivants et des morts. Cette nuit-là, en Irlande, les "tertres" sont ouverts et la différence existant entre les deux mondes est abolie. L'au-delà est présent pour un jour et une nuit sur la terre des vivants.

2) Astrologie : Saturne - en tant que fin des choses compris dans le sens de "perfection" ou "achèvement". Rappelons que Saturne est le vrai soleil des alchimistes, celui qui régnait sur l'âge d'or de l'humanité, avant la "chute". C'est l'état parfait, originel (anagramme de religion), le "nirvana" des bouddhistes et le "paradis" des musulmans, symbolisés par l'union indissoluble du Ciel et de la Terre.

3) Géométrie : le cercle à l'intérieur du carré, synthèse du cercle et du carré.

4) Signification : la perfection, l'éternité, l'harmonie retrouvée. Nous avons ici l'inverse du mécanisme de l'Amoureux, où la tension psychique était maximale.

5) Psychologie : réussite plus morale que matérielle, acceptation du destin, optimisme ou fatalisme, absence de libre-arbitre, tendance à suivre l'instant, insouciance ou sagesse.

vendredi


La stèle d'Eleusis (musée d'Athènes).

jeudi

Les dix lames astronomiques (suite)

L' Amoureux (6)

L'Amoureux fait suite à l'Impératrice et s'apparente au Chariot.
Second des quatre marcheurs.

1) Astronomie : représente le Sud-Est et le matin (ascension du Soleil). Il correspond à l'ancienne fête celtique de Beltaine, à la date du 1er mai, devenue la fête du muguet.
On célébrait jadis le renouveau du Soleil en s'assemblant autour de "l'Arbre de Mai" - pin ou mélèze que l'on coupait et que l'on faisait brûler en haut d'une colline. Dans l'ancienne Irlande, le mois de mai était considéré comme néfaste. De nombreux interdits - surtout d'ordre sexuel - pesaient sur lui.
A Rome, il était déconseillé de se marier en mai. Depuis lors, ces tabous ont été christianisés, et le mois de mai est devenu le mois de Marie, mois de continence et de chasteté.
On retrouve parmi ces avatars de mai le conflit caractéristique de l'Amoureux : charnel et spirituel, profane et sacré, égoïsme et altruisme, etc. Il est indéniable que ces tabous et ces interdits visent - dans une certaine mesure - à résoudre le difficile problème de cet arcane, qui est d'unir deux forces opposées (en apparence).

2) Astrologie : Mercure (Hermes).

3) Symbole : triangle renversé (pointe en bas).

4) Signification : identification de l'Epouse à la Mère, sublimation, orientation de l'individuel dans le sens de l'universel.
Le problème de l'Amoureux n'est pas un problème de choix, mais de sublimation. Il ne s'agit pas de jeter son dévolu sur l'une des deux femmes. Il s'agit de sanctifier la première (la Femme) grâce à la seconde (la Mère), le terme "sanctifier" ne devant en aucun cas être pris dans le sens de "castration".
- Toute femme est appelée à devenir mère à travers la conception (ce qui ne veut pas dire qu'une femme sans enfant ne soit pas une "mère"), unissant de cette manière l'amour "charnel" et l'amour "spirituel" dans une même signification. Il n'y a pas "deux" amours, de même que, sur la sixième lame du Tarot, il n'y a pas "deux" femmes qui s'opposent. La première et la deuxième (l'Impératrice et la Papesse) sont en réalité deux en une. Ce sont les deux aspects d'une même réalité (Déesse-Mère) conjugués par le savoir-faire de l'Amoureux, qui devient dès lors le champion de l'Amour Courtois.
L'Amoureux tourne son visage vers la droite, amorçant l'évolution vers la Mère (l'universel) et indiquant par là le sens de sa destinée, futur Empereur.
Sa compagne de gauche est sans couronne. Il faut interpréter ceci - à l'appui de notre thèse - dans le sens d'une passation de l'Impératrice à la Papesse, une remise de pouvoir en quelque sorte, - ce qui montre bien le rôle que joue la mère dans cet arcane, rôle consistant à sublimer l'attachement naturel de l'homme pour la femme. La pratique de la chasteté trouve sa raison d'être à la lueur de cette signification. Or, la chasteté clairvoyante constitue la base de l'amour tantrique.
Si l'on considère le jeu des mains si délicat de cette sixième lame du Tarot, on s'aperçoit qu'il met en évidence des points stratégiques du corps humain, appelés "chakras" (= roues) dans l'ésotérisme hindou.
Ainsi, la main droite de la femme couronnée (mère) se trouve à la hauteur du premier chakra, celui du sexe.
La main droite de l'Amoureux se situe à hauteur du deuxième chakra, le nombril.
La main gauche de la femme blonde (épouse de l'Amoureux) se situe à hauteur du troisième chakra, celui du Coeur (et, par ailleurs, semble indiquer la présence de la femme couronnée).
La main gauche de la femme couronnée se trouve au niveau du quatrième chakra, celui de la gorge. Enfin, le dernier chakra (la tête) est indiqué par la position du petit Eros lui-même.
Ces indices pourraient nettement faire pencher en faveur d'une conception tantrique du Tarot, surtout si l'on sait que les romans courtois, si typiquement médiévaux, ne sont pas autre chose que d'authentiques traités d'amour tantrique.

5) Psychologie : ultimatum - décision - choix - scrupules - hésitation - doute - fatalisme. Finalement, acceptation du destin.


Les mystères d'Eleusis

Il est surprenant de constater que jusqu'à présent aucun commentateur du Tarot n'ait pensé à rapprocher l'image de l'Amoureux de la célèbre stèle d'Eleusis conservée au musée d'Athènes, oeuvre datant de 435 av. JC.

Nous y voyons figurer, de gauche à droite :

DEMETER - TRIPTOLEME - CORE

Autrement dit
:

LA VIERGE MERE - L' AMOUREUX - LA VIERGE FILLE

La similitude est aveuglante. Or, que nous dit le mythe d'Eleusis ?
Triptolème, en reconnaissant les pouvoirs de la Terre-Mère (Déméter), permet à cette dernière de délivrer sa fille (Coré) de l'emprise d'Hadès qui la tient prisonnière pendant les six mois d'hiver.
En reconnaissant la fille à travers la mère à laquelle il s'identifie, Triptolème unit la mère et la fille pendant les six mois d'été.
C'est exactement de sens de l'Amoureux : sublimation de la Femme par la Mère.
En réalité, ce n'est pas Déméter qui délivre Coré, mais bien Triptolème, qui recevra de ce fait, en récompense de son dévouement, de la semence de blé, une charrue et un char traîné par des dragons.
Triptolème parcourant la Terre dans son char pour enseigner l'agriculture aux hommes, c'est évidemment l'Amoureux parvenu au stade final du Chariot (7ème lame), transfiguré par sa nouvelle condition.
Les deux femmes de l'Amoureux - Déméter et Coré, la Papesse et l'Impératrice - sont devenues les deux juments constituant l'attelage fabuleux du Chariot*, symboles des pouvoirs de la Vierge Mère octroyés au vainqueur de la Civilisation.
Notons que Déméter, comme beaucoup de déesses-mères antiques, est parfois représentée avec une tête de cheval. Quant aux dragons du char de Triptolème, ce sont des représentations archaïques des forces de la Terre-Mère.


* A noter l'homophonie "reines", "rênes" et "rennes", qui est structurée sur la racine R.N d'où est issu "to run" en anglais, courir.

mercredi


Le triangle de l'Impératrice

lundi

Les dix lames astronomiques

Le Pape (5)

Le Pape inaugure le cycle et s'apparente à l'Empereur. Il est la part masculine du Chariot (7) et du Fou (8).

1) Astronomie : représente le Nord et Minuit. Il correspond au solstice d'hiver, marqué par la fête chrétienne de Noël (25 décembre). A partir de ce point crucial de l'année solaire, les jours commencent à rallonger. C'est donc la fête de la Lumière proprement dite, en tant que principe générateur de la Vie.
Le Pape est le vieux roi des légendes et des contes de fées, celui qui préside au royaume de la magie, mais dont l'action n'est possible qu'à travers l'incarnation du Fou (8).

2) Astrologie : Jupiter.

3) Symbole : ligne verticale.

4) Signification : l'initiation. Le Pape symbolise la divinité dans son aspect masculin. C'est lui qui régit - potentiellement - la structure du labyrinthe, lui qui préside aux renaissances en jouant le rôle d'un passeur et d'un éclaireur infaillibles. Le Pape est une image du SOI (au sens de Jung), c'est à dire de la part divine créatrice en chaque individu. La réalisation du Soi (but de toutes les religions) n'est possible que dans la mesure où le Créateur est présent dans sa créature. L'idée (dualiste) d'un créateur inaccessible et extérieur à sa création est incompatible avec le dogme chrétien de l'Incarnation (Dieu fait homme).

5) Psychologie : décision - clarté - intelligence - clairvoyance - optimisme. Tendance à guider, conseiller, enseigner, soigner. Se plie aux situations difficiles et critiques.


Le Mat ou le Fou (8)

Le Mat fait suite au Pape et s'apparente à l'Ermite.
Premier des quatre "marcheurs".

1) Astronomie : représente le Nord-Est et l'aube. Correspond à l'ancienne fête celtique d'Imbolc, devenue fête de la Chandeleur (fête de la lumière et de la purification).
Date : 1er février.

2) Astrologie : Lune (le dieu mésopotamien Sin, l'homme-lune).

3) Symbole : croix grecque.

4) Signification : la recherche de l'Ame individuelle. Toutes les idées de quête, de chasse, de pérégrination. La connaissance de Soi.
A la différence du Diable (arcane 15), et malgré son aspect peu social, le Mat n'exerce aucun pouvoir sur autrui et semble même avoir des démêlés avec les caprices de la route (le chien déchirant son pantalon) - ce qui le laisse indifférent.
Néanmoins, chasseur vigilant, il est loin d'être indifférent quant au but qu'il s'est fixé. C'est en quelque sorte le patron des errants de tous bords (de Perceval le Gallois à Don Quichotte, en passant par Saint François d'Assise), surtout dans leur phase d'initiation. Le Fou est non pas celui qui recommence, mais celui qui commence une quête qui ne s'achèvera peut-être qu'avec sa mort (en persan, "mat" signifie "mourir").
Pour reprendre une expression alchimique, le Fou se "dépouille de ses métaux", c'est à dire qu'il met en pratique le principe de pauvreté propre à toute démarche érémitique (et n'hésite pas à passer pour fou si la sagesse doit passer par la folie).

5) Psychologie : l'aventure aussi bien matérielle que spirituelle, le marginalisme et l'obstination, les manques, une vocation, la solitude.


L'Impératrice (3)

L'Impératrice fait suite au Mat et s'apparente à la Papesse. Elle est la part féminine du Fou (8) et de l'Amoureux (6).

1) Astronomie : représente l'Est et le soleil levant. Correspond à l'équinoxe de printemps, marqué par la fête chrétienne de Pâques.
Date : 21 mars.

2) Astrologie : Vénus (Aphrodite, Ishtar ...).

3) Symbole : triangle (association de la ligne et du point).

4) Signification: la force animatrice, l'épouse intérieure. L'Apparition (la Vierge). La vérité, la quintessence.

5) Psychologie : pureté - indépendance - intuition - sensibilité - inspiration.


La Reine du Triangle

Le rapport avec l'Impératrice, avec l'Ame (de anima = animer) peut s'illustrer par le principe de la résolution des extrêmes au sommet d'un triangle isocèle.
Dans cette figure, la voie du coeur, symbolisée par la médiatrice de la base, est, de par son essence de médiatrice, au-delà des concepts et des mots.
Sa compréhension passe obligatoirement par une expérience englobant à la fois le corps et l'esprit. Cela peut être la prière, l'amour, la méditation, la contemplation d'une oeuvre d'art, un événement, etc. , c'est selon.
Remarquons que le socle sur lequel se tient le trône de l'Impératrice paraît finir en pointe, à la manière d'une pyramide : l'Impératrice est bien la gardienne du sommet.
Elle est effectivement la porte et la clé du monde intérieur, de la même façon que le triangle est la clé du centre en considérant son sommet comme étant le centre d'un cercle.

L'Impératrice est par excellence la force animique, l'esprit des choses, la quintessence (toutes expressions paraissant fumeuses dans le contexte actuel, mais s'expliquant naturellement si l'on sait que la ligne verticale est une représentation du nombre cinq, et que le pentagone est la clé du parcours ésotérique du Tarot - se reporter à l'ordre intérieur du Tarot, deuxième article du blog). Elle est celle qui gouverne, celle qui anime (âme vient de anima = animer).
L'idée selon laquelle l'homme est actif et la femme passive est une idée moderne, étrangère au mécanisme profond du Tarot.
Dans les traditions celtiques, en Irlande, il est question d'un roi dont la jambe doit reposer périodiquement dans le giron d'une vierge.
Il faut voir ici beaucoup plus qu'une banale allusion freudienne. En fait, il faut comprendre que le roi ne doit sa virilité qu'à la protection qu'exerce sur lui, par cette coutume, la jeune fille vierge. En d'autres termes, l'homme se régénère par la femme. Nous retrouvons là le sens des romans courtois, où l'on voit des chevaliers errants (des mats en quelque sorte) accomplir des hauts faits sous la tutelle d'une femme supérieure, Reine ou Fée, quand ce n'est pas Déesse.
Il est impossible de saisir le mécanisme du Tarot si l'on se place d'un point de vue de suprématie masculine, comme c'est encore le cas dans la plupart des institutions actuelles, issues des civilisations méridionales.
La connaissance de l'univers traditionnel est fondée sur la connaissance de la Femme, comprise au sens propre comme au sens figuré (la Vierge). Les cultes néolithiques ou mégalithiques, les cathédrales et les contes de fées populaires en témoignent. La femme est la Mère, et la Mère s'identifie - dans l'esprit des anciens - à la Nature Fée pourvoyeuse de dons multiples (le plus important étant l'immortalité).
Un conte du 18ème siècle, écrit par Mme Leprince de Beaumont et popularisé par Jean Cocteau, la Belle et la Bête, illustre merveilleusement ces notions. La Bête (le Fou) ne devient Roi (Empereur) que PAR l'amour, et l'amour n'est autre que la Belle.
Tout ceci est exprimé dans la onzième lame du Tarot, intitulée la FORCE.

dimanche


Symboles des neuf premiers nombres.