lundi

Les dix lames astronomiques

Le Pape (5)

Le Pape inaugure le cycle et s'apparente à l'Empereur. Il est la part masculine du Chariot (7) et du Fou (8).

1) Astronomie : représente le Nord et Minuit. Il correspond au solstice d'hiver, marqué par la fête chrétienne de Noël (25 décembre). A partir de ce point crucial de l'année solaire, les jours commencent à rallonger. C'est donc la fête de la Lumière proprement dite, en tant que principe générateur de la Vie.
Le Pape est le vieux roi des légendes et des contes de fées, celui qui préside au royaume de la magie, mais dont l'action n'est possible qu'à travers l'incarnation du Fou (8).

2) Astrologie : Jupiter.

3) Symbole : ligne verticale.

4) Signification : l'initiation. Le Pape symbolise la divinité dans son aspect masculin. C'est lui qui régit - potentiellement - la structure du labyrinthe, lui qui préside aux renaissances en jouant le rôle d'un passeur et d'un éclaireur infaillibles. Le Pape est une image du SOI (au sens de Jung), c'est à dire de la part divine créatrice en chaque individu. La réalisation du Soi (but de toutes les religions) n'est possible que dans la mesure où le Créateur est présent dans sa créature. L'idée (dualiste) d'un créateur inaccessible et extérieur à sa création est incompatible avec le dogme chrétien de l'Incarnation (Dieu fait homme).

5) Psychologie : décision - clarté - intelligence - clairvoyance - optimisme. Tendance à guider, conseiller, enseigner, soigner. Se plie aux situations difficiles et critiques.


Le Mat ou le Fou (8)

Le Mat fait suite au Pape et s'apparente à l'Ermite.
Premier des quatre "marcheurs".

1) Astronomie : représente le Nord-Est et l'aube. Correspond à l'ancienne fête celtique d'Imbolc, devenue fête de la Chandeleur (fête de la lumière et de la purification).
Date : 1er février.

2) Astrologie : Lune (le dieu mésopotamien Sin, l'homme-lune).

3) Symbole : croix grecque.

4) Signification : la recherche de l'Ame individuelle. Toutes les idées de quête, de chasse, de pérégrination. La connaissance de Soi.
A la différence du Diable (arcane 15), et malgré son aspect peu social, le Mat n'exerce aucun pouvoir sur autrui et semble même avoir des démêlés avec les caprices de la route (le chien déchirant son pantalon) - ce qui le laisse indifférent.
Néanmoins, chasseur vigilant, il est loin d'être indifférent quant au but qu'il s'est fixé. C'est en quelque sorte le patron des errants de tous bords (de Perceval le Gallois à Don Quichotte, en passant par Saint François d'Assise), surtout dans leur phase d'initiation. Le Fou est non pas celui qui recommence, mais celui qui commence une quête qui ne s'achèvera peut-être qu'avec sa mort (en persan, "mat" signifie "mourir").
Pour reprendre une expression alchimique, le Fou se "dépouille de ses métaux", c'est à dire qu'il met en pratique le principe de pauvreté propre à toute démarche érémitique (et n'hésite pas à passer pour fou si la sagesse doit passer par la folie).

5) Psychologie : l'aventure aussi bien matérielle que spirituelle, le marginalisme et l'obstination, les manques, une vocation, la solitude.


L'Impératrice (3)

L'Impératrice fait suite au Mat et s'apparente à la Papesse. Elle est la part féminine du Fou (8) et de l'Amoureux (6).

1) Astronomie : représente l'Est et le soleil levant. Correspond à l'équinoxe de printemps, marqué par la fête chrétienne de Pâques.
Date : 21 mars.

2) Astrologie : Vénus (Aphrodite, Ishtar ...).

3) Symbole : triangle (association de la ligne et du point).

4) Signification: la force animatrice, l'épouse intérieure. L'Apparition (la Vierge). La vérité, la quintessence.

5) Psychologie : pureté - indépendance - intuition - sensibilité - inspiration.


La Reine du Triangle

Le rapport avec l'Impératrice, avec l'Ame (de anima = animer) peut s'illustrer par le principe de la résolution des extrêmes au sommet d'un triangle isocèle.
Dans cette figure, la voie du coeur, symbolisée par la médiatrice de la base, est, de par son essence de médiatrice, au-delà des concepts et des mots.
Sa compréhension passe obligatoirement par une expérience englobant à la fois le corps et l'esprit. Cela peut être la prière, l'amour, la méditation, la contemplation d'une oeuvre d'art, un événement, etc. , c'est selon.
Remarquons que le socle sur lequel se tient le trône de l'Impératrice paraît finir en pointe, à la manière d'une pyramide : l'Impératrice est bien la gardienne du sommet.
Elle est effectivement la porte et la clé du monde intérieur, de la même façon que le triangle est la clé du centre en considérant son sommet comme étant le centre d'un cercle.

L'Impératrice est par excellence la force animique, l'esprit des choses, la quintessence (toutes expressions paraissant fumeuses dans le contexte actuel, mais s'expliquant naturellement si l'on sait que la ligne verticale est une représentation du nombre cinq, et que le pentagone est la clé du parcours ésotérique du Tarot - se reporter à l'ordre intérieur du Tarot, deuxième article du blog). Elle est celle qui gouverne, celle qui anime (âme vient de anima = animer).
L'idée selon laquelle l'homme est actif et la femme passive est une idée moderne, étrangère au mécanisme profond du Tarot.
Dans les traditions celtiques, en Irlande, il est question d'un roi dont la jambe doit reposer périodiquement dans le giron d'une vierge.
Il faut voir ici beaucoup plus qu'une banale allusion freudienne. En fait, il faut comprendre que le roi ne doit sa virilité qu'à la protection qu'exerce sur lui, par cette coutume, la jeune fille vierge. En d'autres termes, l'homme se régénère par la femme. Nous retrouvons là le sens des romans courtois, où l'on voit des chevaliers errants (des mats en quelque sorte) accomplir des hauts faits sous la tutelle d'une femme supérieure, Reine ou Fée, quand ce n'est pas Déesse.
Il est impossible de saisir le mécanisme du Tarot si l'on se place d'un point de vue de suprématie masculine, comme c'est encore le cas dans la plupart des institutions actuelles, issues des civilisations méridionales.
La connaissance de l'univers traditionnel est fondée sur la connaissance de la Femme, comprise au sens propre comme au sens figuré (la Vierge). Les cultes néolithiques ou mégalithiques, les cathédrales et les contes de fées populaires en témoignent. La femme est la Mère, et la Mère s'identifie - dans l'esprit des anciens - à la Nature Fée pourvoyeuse de dons multiples (le plus important étant l'immortalité).
Un conte du 18ème siècle, écrit par Mme Leprince de Beaumont et popularisé par Jean Cocteau, la Belle et la Bête, illustre merveilleusement ces notions. La Bête (le Fou) ne devient Roi (Empereur) que PAR l'amour, et l'amour n'est autre que la Belle.
Tout ceci est exprimé dans la onzième lame du Tarot, intitulée la FORCE.

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